Fondation Giacometti

Les Femmes de Venise, sentinelles veillant les morts comme les décrivait Genet, font partie d’un ensemble de sculptures qui commandent une vision frontale ou de profil, au contraire d’autres qui affrontent de toutes parts l’espace. Elles doivent leur nom à la Biennale de Venise, où six plâtres de la série sont exposés pour la première fois, en 1956 au pavillon français dont Raymond Cogniat est le commissaire. David Sylvester, ami et modèle de Giacometti, raconta comment Giacometti réalisa cette série de femmes debout : il travaillait pendant plusieurs jours à la même figure en argile et, au fur et à mesure, demandait à Diego de couler en plâtre les étapes provisoires. Même si la variété des formes de ces figures, et les photographies du travail en cours dans l'atelier, conduisent à douter qu'un seul argile ait donné lieu à toute la série, il reste que les Femmes de Venise sont un des exemples les plus marquants de ce travail en série acharné qui était une pratique constante de Giacometti. Traitées comme des lames, ces figures de femme s’élancent à partir de grands pieds massifs et inclinés. Jean Genet, ami de l’artiste, écrira en 1957 de ses figures qu'elles « n’en finissent pas d’avancer et de reculer dans une immobilité absolue », tout en créant « [leur] espace infini ». L'aspect des femmes doit beaucoup à l'emploi de l'argile souple, dans lequel s'impriment les empreintes de doigt de l'artiste. Le moulage en plâtre, puis l'emploi de plâtre liquide, renforcent l'aspect dégoulinant des formes : les Femmes de Venise semblent des fantômes jaillis d’un milieu humide. Dix femmes de cette série ont été conservées par l'artiste, dont neuf ont connu une édition en bronze, à partir de 1957.

Signature gravée à l'arrière du socle en bas à gauche " Alberto Giacometti "
Numéro de fonte gravé à l'arrière du socle en bas à gauche " 0/6 "

Annette GIACOMETTI
Thomas Gibson Fine Art Ltd
Collection particulière (États-Unis)
Collection particulière (Etats-Unis)